Conformément aux recommandations de la dernière réunion du Secrétariat Technique Conjoint CEDEAO/UEMOA tenue en juin 2013 à Ouagadougou, les deux Organisations régionales ont tenu à Abuja, les 13 et 14 août 2013, une réunion de concertation portant sur l’élaboration d’un programme régional d’appui à la Guinée Bissau.
Cette réunion qui a regroupé autour du Représentant Spécial du Président de la Commission de la CEDEAO, une vingtaine de cadres des deux Institutions a entamé ses travaux avec une analyse de la situation politique, sécuritaire, économiques et sociale en Guinée Bissau.
Il ressort de cette analyse qu’au plan politique, la situation est caractérisée par la prorogation de la durée de la transition au 31 décembre 2013. Cette décision a été prise on se rappelle par la 42ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO tenue les 27 et 28 février 2013 à Yamoussokro. S’agissant du financement de la confection des listes électorales et l’organisation des élections, il ressort un gap d’environ sept (7) millions de dollars.
Sur le plan sécuritaire, le Représentant Spécial du Président a indiqué que la situation actuelle est calme et que le climat politique s’améliore avec les opérations d’ECOMIB qui ont positivement impacté l’environnement.
Dans le secteur de la défense et de la sécurité, la CEDEAO est intervenue notamment dans la réhabilitation des casernes et travaille actuellement sur le règlement des pensions des militaires. Un programme de réforme du secteur de la défense et de la sécurité d’une durée de cinq ans évalué à 65 millions de dollars est en cours d’exécution.
S’agissant des défis économiques et sociaux, il ressort que le pays connaît une faiblesse dans les mécanismes de suivi et de gestion économique et financière. Cette situation a limité la mobilisation des ressources internes ainsi que les capacités de contrôle de l’exploitation illégale des ressources naturelles ( bois, poisson, bauxite et phosphate). Ceci a eu pour conséquence, la dégradation des infrastructures sociales de santé, d’eau et d’éducation notamment en milieu rural.
Au terme de cette analyse, la Commission de l’UEMOA a exposé dans ses grandes lignes son programme d’appui à la Guinée Bissau. D’un coût global de près de 25 milliards de francs CFA, le programme de l’UEMOA s’articulé autour de plusieurs axes dont notamment le renforcement du cadre institutionnel, l’amélioration du pilotage de l’économie et de la gestion des finances publiques (5,564 milliards de francs CFA), l’instauration d’un climat de paix et de sécurité (4,0 milliards de francs CFA) et enfin, l’appui au développement sectoriel (15,344 milliards de francs CFA).
Le financement de ce programme de trois ans a connu quelques difficultés. La Commission de l’UEMOA a dû revoir ses ambitions pour ne retenir finalement que le volet finances publiques. Malheureusement ce programme n’a pas pu démarrer en raison de l’instabilité politique dans le pays.
Pour ce qui concerne les interventions de la CEDEAO en Guinée Bissau, il ressort que les nombreuses réalisations faites ainsi que celles programmées pour le futur ne sont pas inscrites dans un programme d’intervention prédéfini. Toutefois on note des contributions importantes dans le domaine de l’énergie, avec la fourniture de carburant et lubrifiants à la centrale électrique de Bissau. Cet appui s’élève à dix millions de dollars dont six millions payés par la CEDEAO. Une requête d’un appui similaire a été soumise par la Guinée Bissau à la Commission de la CEDEAO. La demande est à l’étude. Au niveau humanitaire, la Commission est intervenue dans la reconstruction d’écoles et de Centres de santé. En ce qui concerne la lutte contre le trafic de drogue, il est envisagé de renforcer les capacités du Comité de coordination interministériel sur la drogue.
Au terme des discussions qui ont suivies ces présentations, la réunion a proposé la mise en place d’un Comité technique de quatre membres chargé de proposer un projet de programme commun, consensuel, pertinent et réalisable afin de donner plus de visibilité à l’action de solidarité régionale. Le programme à venir s’articulera sur 5 axes prioritaires dont « Paix et sécurité », « Energie », « Gestion des finances publiques », « Infrastructures sociales (éducation, santé), et « Lutte contre le trafic de drogue ». Ce programme commun à produire par le Comité technique sera disponible au plus tard en fin octobre 2013. Il sera soumis à la prochaine réunion du STC, prévue pour novembre 2013.