La lutte contre l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola, l’entrée en vigueur du Tarif Extérieur Commun de la CEDEAO (TEC) au 1er janvier 2015, la gouvernance institutionnelle, le développement des infrastructures régionales, l’amélioration du climat des affaires, les défis sécuritaires, la libre circulation, la sécurité alimentaire ainsi que les enjeux de développement des espaces sahélo sahariens ont été entre autres, les principaux sujets qui ont marqués les travaux de la 10ème réunion annuelle de coordination CEDEAO/Partenaires au développement tenue les 15, 16 et 17 septembre 2014 à Abuja.
Cette rencontre annuelle qui constitue une plate forme de coordination des interventions des Partenaires autour des Projets et Programmes prioritaires de la CEDEAO a permis d’explorer les voies et moyens les plus appropriés pour faire face aux multiples défis liés à l’approfondissement de l’intégration économique régionale.
Au cours des trois jours de discussions, les partenaires ont manifesté un grand intérêt pour le Plan d’action régional de lutte contre l’épidémie d’Ebola qui sévit dans la région. Elaboré par la CEDEAO à travers l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), ce Plan a d’ores et déjà enregistré la contribution de l’UE, de la BAD, de la Banque Mondiale, des USA, de la Grande Bretagne, de la France et de Cuba. La CEDEAO a souhaité que les partenaires contribuent également au Fonds régional de solidarité et de lutte contre Ebola mis en place suite à la Décision des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO.
S’agissant du TEC, les partenaires ont été informés de sa mise en œuvre effective pour le 1er janvier 2015.Les travaux préparatoires sont en cours conformément aux orientations données par les Chefs d’Etat et de Gouvernement. L’Union Européenne qui dispose d’une expertise avérée dans ce domaine s’est d’ores et déjà engagée à appuyer ce processus. Toutefois, elle a mis en garde contre une sous estimation des exigences techniques indispensables dans la mise en œuvre d’un TEC performant. L’impact financier dû à la perte de recettes douanières devrait être compensé par une activité économique accrue et le développement de nouvelles sources de revenus. Les questions relatives au démantèlement et l’élimination des barrières internes, le besoin d’accélérer l’harmonisation des procédures douanières et la certification de la formation professionnelle dans la région ont également fait l’objet d’échanges. L’UE qui a exprimé sa disponibilité quant au partage de son expérience, s’est dite prête à travailler en étroite collaboration avec la CEDEAO dans le cadre de la mise en œuvre du TEC.
Pour ce qui est de la gouvernance institutionnelle, la Commission a été félicitée pour les nombreux efforts déployés pour renforcer les capacités et améliorer l’efficacité des institutions communautaires. La Commission a fait le point sur les récents recrutements portant sur 52 postes. Les efforts déployés pour améliorer la transparence dans les processus budgétaires et financiers et dans l’organisation générale du cadre de travail ont également été débattus. Il est ressorti des discussions qu’une attention particulière est accordée au processus de réforme pour assurer l’efficacité de la gestion à travers l’amélioration des compétences et l’amélioration des niveaux et des méthodes de travail de la Communauté. Une feuille de route nécessitant l’appui des donateurs et portant sur les activités de renforcement des capacités pour les 15 prochains mois a été examinée et adoptée.
S’agissant du développement des infrastructures régionales, le lourd déficit que connait la région dans ce domaine a été largement discuté. Une réunion de coordination entre la BAD, l’Australie, la Banque Mondiale, la CEDEAO et d’autres partenaires sera organisée pour consolider les capacités de la région. L’UE a pour sa part, programmé pour octobre prochain, une réunion de pré identification des projets d’infrastructures avec la CEDEAO et les Etats membres dont le financement sera assuré dans le cadre du PIR 11ème FED.
Pour ce qui concerne les défis sécuritaires dans la région, la CEDEAO a informé les Partenaires sur les actions prioritaires à conduire en 2015. Il s’agit, entre autres, du combat contre le virus Ebola, la promotion du nouveau plan d’actions humanitaire et social, le déploiement de nouvelles antennes d’alerte précoce en Côte d’Ivoire, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Libéria, et au Mali, la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée, la stratégie de lutte contre le terrorisme notamment, Boko Haram et les Djihadistes au Sahel, le développement de la Force en Attente de la CEDEAO, le soutien aux personnes déplacées, la mise en place d’une unité chargée de la facilitation de la médiation et enfin, la surveillance en 2015 des élections dans 5 pays, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Nigeria et le Togo. Les Partenaires se sont engagés à poursuivre leur coopération avec la CEDEAO dans les domaines de la promotion de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région.
Dans le secteur de l’Agriculture, les grands chantiers sur lesquels la Commission travaille en ce moment ont été discutés. L’appui des partenaires au développement a été sollicité dans les actions de mise en place d’une réserve régionale de sécurité alimentaire, de lancement d’une initiative Résilience, de lancement de l’Offensive Riz en collaboration avec AfricaRice, de la libre circulation des produits agricoles et enfin, de la mise en œuvre du programme d’hydraulique villageoise à usage multifonctionnel.
En ce qui concerne la Libre circulation des personnes, les initiatives de la CEDEAO dont entre autres, l’organisation d’un forum régional des citoyens a été évoquée. Ce forum, rappelle-t-on, a identifié les obstacles à la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO. Tenu en Juillet 2014 à Ouagadougou, il a mis en évidence la nécessité d’une révision des textes du protocole sur la libre circulation, l’introduction de la carte d’identité biométrique CEDEAO, l’abolition de la carte de résident afin d’éviter la discrimination des citoyens de la communauté, le renforcement des mesures de sécurité aux frontières, la production d’un manuel pour former et sensibiliser les agents de sécurité aux frontière et enfin une formation des citoyens de la communauté sur leurs droits et devoirs. Il a également été souligné qu’un cadre de concertation sur la migration a été créé pour suivre toutes les questions de migration, y compris l’identification correcte des utilisateurs de la frontière par les autorités frontalières à partir de leur pays d’origine. Les obstacles liés aux lacunes dans les protocoles existants et leur application inefficace ont également été discutés ainsi que la mauvaise circulation de l’information, l’existence de barrières non tarifaires au commerce, la connaissance insuffisante des textes en vigueur, le non-respect des dispositions des textes par les agences d’exécution et la non-relecture du protocole depuis son adoption en 1979.
S’agissant du Programme de coopération monétaire de l’Afrique de l’Ouest, la réunion a été informée que les Présidents Mahamadou ISSOUFOU du Niger et John Dramani MAHAMA du Ghana surveillent maintenant la mise en œuvre du Programme. Les Présidents sont assistés par un groupe de travail qui comprend les Ministres des Finances des Etats membres, tous les Gouverneurs des Banques Centrales de la région, les Présidents des Commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA et les Directeurs généraux de l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO) et de l’Institut Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (IMAO). Les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, lors de la 44ème Session ordinaire de Mars 2014, tenue à Yamoussoukro, ont adopté une approche à voie unique avec une date irrévocable de 2020 et recommandé une révision des critères de convergence macroéconomique et une feuille de route détaillée des activités à mettre en œuvre avant le lancement de la monnaie régionale en 2020. Pour le respect de la date limite de 2020, le soutien des partenaires au développement serait nécessaire dans les domaines de l’harmonisation des politiques y compris les finances publiques, la régulation financière, le renforcement des capacités des organes du mécanisme de surveillance multilatérale (les Comités Nationaux de Coordination dans les Etats membres, le Secrétariat conjoint CEDEAO-AMAO-IMAO-UEMOA, le Comité technique sur la politique macro-économique) et la création d’une union budgétaire pour compléter l’union monétaire. En réaction, l’UE s’est engagée à fournir une assistance dans la conduite des études notamment sur les leçons tirées de la crise de l’UE.
Par ailleurs, l’évolution de la situation économique du Nigeria a été examinée. Il ressort des échanges que la révision des comptes économiques de 2013 du Nigeria a conduit à une augmentation d’environ 89% du PIB qui est passé de 269,5 milliards de dollars US à 509,9 milliards. En conséquence, à partir des estimations du PIB recalculées, le Nigeria est maintenant classée comme la plus grande économie de la région et du Continent africain et la 26ème dans le monde. Ainsi, le Nigeria s’affiche désormais au même niveau que des pays tels que l’Argentine classée 25ème, l’Autriche classée 27ème et l’Afrique du Sud classée 28ème mondiale.
Concernant l’Industrie et la Promotion du Secteur Privé, les efforts en cours pour améliorer l’environnement des affaires et le climat d’investissement ont été évoqués notamment, l’harmonisation du code d’investissement communautaire, le droit des affaires, la mise en œuvre d’un paiement régional et de règlement, l’intégration des marchés de capitaux dans la région pour fournir une plate-forme régionale pour la mobilisation de capitaux à long terme pour nos projets d’infrastructure. Les initiatives en cours pour la création d’un mécanisme de garantie des investissements afin de fournir la couverture du risque politique et commercial, le suivi des investissements intérieurs et extérieurs et la mobilisation des ressources ont été débattues.
Notons que la Commission de la CEDEAO avec l’appui de l’UE, met actuellement en œuvre un programme visant à améliorer le climat des affaires en partenariat avec la SFI couvrant des domaines clés tels que la promotion de l’investissement, les prix de transfert, le code d’investissement communautaire et politique. Le soutien et la collaboration des partenaires sont sollicités afin de pouvoir mieux présenter les opportunités d’investissement et les projets bancables. Concernant les PME, un point a été fait sur l’initiative mise en œuvre conjointement par la CEDEAO et le Centre du commerce international dans la mise en œuvre d’un programme de renforcement des capacités des petites et moyennes entreprises de la région. La CEDEAO a par ailleurs informé les participants de la mise en œuvre d’une politique industrielle, en collaboration avec l’ONUDI afin de faire face au déséquilibre entre les Etats et au faible niveau de développement industriel des États membres de la CEDEAO.
Dans son mot de clôture, le Président de la Commission de la CEDEAO, S.E. Kadré Désiré Ouédraogo a salué la disponibilité et l’engagement des partenaires auprès de la CEDEAO. Il s’est dit convaincu de la portée des conclusions de cette réunion sur le renforcement de la fructueuse coopération entre la CEDEAO et les différents partenaires au Développement.